Mon cauchemar et moi, Yohan Sacré (2010)
Avant de commencer cette critique, je tiens à préciser que cette lecture s'inscrit dans un contexte particulier. Babelio organise des 'masses critiques'. La description de Babelio sera éclairante : 'Recevez chez vous gracieusement des livres et faites en votre critique publique, bonne ou mauvaise, comme bon vous semblera. Il n’y a rien d’autre à comprendre : un livre en l’échange d’une critique, c’est aussi simple que ça.' Cette initiative s'adresse uniquement aux blogueurs (livres / bds). Je vous encourage bien sûr fortement à tenter votre chance ! Espérons que cette démarche originale et intéressante se pérennise. Pour ma part, j'ai donc pu recevoir 'mon cauchemar et moi', ainsi que 'le journal d'une bipolaire'. Pour cette chronique, je vais essayer (on peut rêver!) de rester 'objectif / neutre' puisqu'elle s'inscrit dans une démarche de publicité. Maintenant que les lecteurs ont été avertis, passons à la critique proprement dite.
'Mon cauchemar et moi' est publié aux éditions Manolosanctis. Manolosanctis, c'est avant tout un site : http://www.manolosanctis.com/ qui permet aux jeunes auteurs bds de mettre en ligne leurs histoires, le lectorat / la ligne éditoriale sélectionnant un certain nombre d'albums pour une publication papier. Là encore une démarche tout à fait originale qui, espérons le, fera émerger de nouveaux talents. Comme exemple de 'nouveau talent', voici Yohan Sacré, que l'on peut retrouver sur son blog : http://unpoildanslamain.blogspot.com/.
Pour son premier album, Yohan nous embarque dans un voyage onirique accompagné d'un petit garçon qui rencontre une créature étrange se présentant comme un monstre, mais ayant l'air gentil. Ce dernier est un croisement entre Totoro, un barbapapa, et quelque chose de plus inquiétant (présence des cornes et du feu, allure de fantôme, masse sombre indéfinie). Yohan brosse un personnage ambigü en superposant un certain nombre de références, positives et négatives, à des univers connus (celui de Miyazaki). Le 'monstre' vit dans une maison qui ressemble fort à la maison de pain d'épices, très grande mais bien vide, avec des cadres noirs sans portraits dedans.
A partir de ce pitch, l'auteur déroule une histoire simple, et efficace, dont le dénouement final, sans être surprenant, s'inscrit dans la cohérence de l'histoire. Si le scénario est loin d'être révolutionnaire, il possède un certain nombre de qualités (simplicité, cohérence, peu de personnages), tout en possédant les 'défauts' d'un conteur débutant (rythme des séquences un peu inégal, transitions parfois bancales entre les passages, quelques dialogues qui sonnent faux). Néanmoins, Yohan évite un certain nombre de 'pièges' et propose un niveau global supérieur à de nombreuses réalisations de jeunes auteurs, qui, si elles savent être très pertinentes graphiquement, sont souvent terriblement pauvres sur le plan scénaristique.
Sur le plan graphique, l'univers déployé fait référence à des auteurs connus : Miyazaki, cela semble très probable (le cerf), et sûrement d'autres, peut-être Burton dans une moindre mesure (passage rapide dans un cimetière ?). Même si ces références sont très présentes, un certains nombre d'éléments graphiques sont originaux et il y a de bonnes trouvailles (l'escalier en sapin inversé^^). Le dessin est tout à fait intéressant, avec son 'faux' côté sage. Quant au découpage, il présente de bonnes idées (présence d'un certain nombre de pleines pages), mais a parfois un côté un peu régulier (le petit garçon est souvent dessiné à la même taille, il y a peu de gros plans, des décors un peu minimalistes). Peut-être que si Yohan essayait d'employer des cases, cela le pousserait à améliorer la construction rythmique ?
Au final, un 'premier album' qui a ses qualités. On attend Yohan sur la suite, pour voir s'il 'mûrit' et donne plus de personnalité à son trait, son découpage et ses histoires. Je ne dis pas là que cet album manquait de personnalité, mais qu'au contraire, on sent une personnalité dont la force demanderait peut être à émerger plus.
Je remercie 'babelio' et les éditions manolosanctis pour cette lecture!