ひかりのまち (Hikari no machi) - le quartier de la lumière, Inio Asano

Publié le par Paul B.



Avant Solanin Inio Asano avait écrit ひかりのまち (Hikari no machi) - le quartier de la lumière croisant des parcours déjantés dans un quartier résidentiel construit sur les pentes d'une petite colline pour profiter de la lumière. Quand l'on a lu Solanin on peut essayer de dégager une trajectoire artistique d'Inio Asano vers la recherche de sa propre atmosphère  : dans le quartier de la lumière, il brode à sa manière, en donnant une touche particulière, sur des canevas type du monde japonais : histoires de personnages complétement hallucinés, enfant de 10 ans qui se fait un peu d'argent en proposant à des candidats aux suicides de veiller à leurs derniers moments, famille étrange dirigé par un voyou un peu barge dans son maniement du cutter. Cette touche personnel, l'auteur l'apporte dans les détails : personnages du prologue, interpages (dont celles présentés au-dessus), et surtout dans son traitement des destins de ses personnages, montrant leurs détraquements, insistant étrangement sur le fait que quand le petit garçon retrouve une vie normale, il n'est plus intéressant de le mentionner dans l'histoire, décrivant cette association émouvant formé par les deux personnages gravitant autour du voyou, touches d'humanité qui viennent donner encore plus d'émotion aux situations, brossant au final un monde à l'intersection extrême entre la réalité (précision des décors, vie de tous les jours), et une forme de folie froide qui anime aussi le monde comme il va : désaxement des personnages, et surtout, ce quartier où l'on a jamais l'impression qu'une vraie lumière se pose au-dessus, bien au contraire, il est plongé dans un aplanissement lumineux frappant, et ses immeubles, ses cages, commes des monstres à l'affût, constituent souvent le seul arrière-plan et paysage de nos héros, comme une immense prison. Solanin pose quant à lui une atmosphère qui bannit cette horreur froide pour rejoindre le monde humain, habituel, familier qui nous entoure, certes avec ses propres angoisses, mais avec humanité. Evolution stylistique ou commande pour un public différent de celui auquel est destiné le quartier de la lumière ? La prochaine oeuvre d'asano qui se déroule dans un Onsen et est, je crois, en préparation ou en prépublication au Japon actuellement nous apportera peut-être des réponses concernant cet auteur à suivre.







tension de la page contrastant avec la tranquilité apparente du personnage : oblique, tête tourné vers le bas, rayure diagonales des tatamis, répétitions ternaires de l'image.






:-) pour moi, ce sont les deux cases les plus fortes du manga (dans le prologue), je les aime vraiment bcp ! (euh, au cas où, je rappelle qu'on lit de droite à gauche les mangas japonais) 

Publié dans monde japonais (manga)

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